jeudi 5 janvier 2017

BORMS "LE FÉLON" (Guerre Civile Européenne) (1)

J’habite depuis trente ans en Belgique, je l'ai déjà dit ici, mais j'éprouve le besoin de le répéter à chaque pas, je l'avoue. Et mes premiers temps à Bruxelles -début des années nonante- après avoir vécu cinq ans de suite en région flamande j’éprouvais un sentiment difficile à définir à l'arrivée de la date de l'Armistice (le 11 novembre) comme si le temps s’arrêtait pour moi l'espace d'une journée, un sentiment accentué sans doute par le fait de s'agir d'un jour férié, mais c'était surtout le sentiment de me voir renvoyé ou expulsé du coup -momentanément, à cette date- de l'historie commune en tant qu’Espagnol en Belgique du fait que l'Espagne avait été officiellement neutre pendant la Grande Guerre, et, par voie de conséquence, les Espagnols ne partageant pas cette mémoire officielle des Belges sur un chapitre sans doute crucial de son histoire contemporaine. Le récit officiel, savoir le conte de bons et méchants transmis par les vainqueurs à ses héritiers et descendants allait se poursuivre toujours depuis ininterrompu en Belgique (surtout du coté francophone de la barrière linguistique), les derniers poilus belges ayant décédé déjà il y a belle lurette. Qu'à cela ne tienne! À leur place, dans les commémorations et les parades, leurs descendants de ces derniers ou les déportés de deux décennies plus tard. Et je me suis toujours demandé si dans les autres pays d'Europe on assistait à un phénomène pareille, d'une mémoire officielle si « âgée » et si “heureuse” L'historien allemand Ernst Nolte -décédé il y a quelques mois- avec qui j'échangeai pendant une vingtaine d'années une longue et fructueuse correspondance, aura laissé parmi tous ses ouvrages, un au titre plus que significatif, savoir « la Guerre Civile Européenne » Ce que pour lui comprenait la période ayant débutée par la Revolution d'Octobre (1917) et se terminant à la fin de la Seconde Guerre Mondiale (en 45) Une guerre civile qui aura eu des chapitres ou épisodes principales les deux guerres mondiales, ainsi qu'un autre, la guerre civile espagnole (de 36) que pour tant d'aspects -et que me pardonne certains historiens espagnols- aura été la première bataille de la Seconde Guerre Mondiale. La guerre civile espagnole comme je l'ai déjà laissé consigné et suffisamment expliqué dans mon blog en espagnol se poursuivit jusqu'à nos jours entre périodes successifs de trêves et des guerres asymétriques où la guerre de propagande aura joué un rôle crucial, et qui eut en Belgique un de ses théâtres principaux sans conteste possible. La revendication de la mémoire des vaincus de la guerre civile espagnole c'est un dada de la gauche belge depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Et d'en être témoin de si près -et pendant tant d'années- aura été, ma foi, une lourde épreuve pour l'auteur ce ces lignes. Ce n'est pas néanmoins dans un esprit de revanche quelconque que j'entame à partir d'ici une série d'articles sur la mémoire des vaincus (sic) de la Seconde Guerre Mondiale en Belgique mais dans un souhait sincère d'aider et contribuer à la compréhension mutuelle entre Belges au delà des barrières linguistiques dans le pays qui m'aura offert accueil pendant trente ans. Auguste Borm, « le Grand Félon » -dans la mémoire officielle-, fusillé en 46 au casernes d'Etterbeek, dans un quartier qui aura été théâtre préféré de mes allés et venues pendant tant d'années déjà domicilié à Ixelles, débute -par propres mérites- cette galerie de perdants que j'entends poursuivre sans la moindre gêne, et sans le moindre complexe. Après avoir été plébiscité par l'opinion publique en Flandres dans la période d'entreguerres pour son passé "d'activiste" dans la Première Guerre Mondiale, il embrassa la cause de la Collaboration et se rangea même du coté de l'aile radicale de celle-ci (De Vlag) à partir d'un moment donné au courant du conflit. Et je n'aurais cessé d'entendre depuis trente ans la légende/noire l'entourant, sans d'autre pièces de conviction à son encontre que ses conviction idéologiques et ses gestes et saluts bien sûr (comme celui de la photo, Borms, barbu, à droite dans celle-ci) Si grand fut son péché? Il ressemblait fort quoiqu'il en soit, dans sa physionomie,  mon arrière grand-père Johan Krohn -d'après des portraits et documents graphiques qu'on conserva chez les miens-, quelque chose de   semblable dans le regard, un même air de famille ("socio/culturelle") et tout l'esprit d'une époque sans doute reflété dans une même façon de s'habiller, lui qui fut sans doute germanophile (comme Borms) -dans son for interne du moins- pendant la grande Guerre et qui décéda à Madrid pendant la guerre civil espagnole (attrapé en zone rouge) Et sans doute que les sympathies de ce dernier lors de la Première Guerre Mondiale lu venaient de loin, de son arrière-grand-père, Jonas Jonassen (mon arrière—arrière-arrière-grand père à moi) décoré par le roi danois Fréderic VI, lors de la guerre de canonnières (1807-1814), où le royaume de Danemark (et de Norvège) pris partie contre l'Angleterre. Et ne soit-ce que pour cela (la voix du sang?) je me sentait dans le droit -et le devoir- de racheter ce grand “incivique” belge dans ma mémoire. N'en déplaise à certains zélateurs toujours engagés dans la guerre civile européenne

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