mercredi 26 avril 2017

JEAN PAUL II PENDU EN EFFIGIE CHEZ LUI

Inouï. Jean Paul II, “le pape slave” (venu du froid) figure iconographique intouchable de l’église du concile et du nationalisme polonais, se voit contesté -et vexé et humilié (post mortem)- dans son propre pays. Depuis deux mois se voit représentée une pièce dans un théâtre de Varsovie d'un cinéaste et dramaturge non-conformiste et provocateur croate, Oliver Frljic, où une figure du pape Wojtyla grandeur nature se voit l'objet d'une fellation de la part d'une actrice agenouillé devant lui, après quoi il se voit pendu -en effigie-, une affiche attachée a son cou de “défenseur de pédophiles” La pièce est l'adaptation d'un texte d'un auteur classique polonais du XIXe qui traite du drame rural autour d'une femme avec qui le curé du village a eu deux enfants et qui se voit objet de vindicte -et de malédiction- de la part des habitants qui lui rendent responsable des mauvaises récoltes. Dans mon voyage en Pologne en 1981 -pendant la printemps polonais- j'eus l'occasion de m'entretenir -a la faveur de la soutane que je portais alors (de la FSSPX de Monseigneur Lefebvre)- avec maintes hauts responsables de Solidarnosc (le syndicat dirigé par Lech Walesa) et je retins de l'un d'entre eux l’ambiguïté qui d'après lui régnait dans les rapports entre le clergé et la population polonaise, catholique dans son écrasante majorité, qu'il voyait sillonnés des sous-entendus, notamment pour ce qui était de la conduite sexuelle des prêtres polonais vue sous l’optique de la discipline ecclésiastique du célibat, qui lui semblait peu respecté dans son pays, comme si c'était, cette transgression ecclésiastique, une vieille tradition du catholicisme polonaise, aussi ancrée que la dévotion à la vierge de Czestochowa, ainsi la voyait-il du moins. Et cela me vient à l'esprit du coup maintenant devant la pièce de théâtre anti-papale scandaleuse. Significatif aussi le nom du théâtre -Powszechny- ou la pièce est représentée, à Varsovie. Je ne connais pas le polonais, mais à un moment donné, les mois qui précédèrent mon voyage là-bas, j’avais commencé l'apprendre, ce que j'avais délaissé par la suite, quoique certains mots m'était resté gravés dans la mémoire, jusqu'aujourd'hui, comme le nom de ce théâtre (« Powszechny ») par lequel vient maintenant le scandale en Pologne. « Tygodnik Powszechny » -Journal l'Universel (ou quelque chose de ce goût là)- était en effet le nom d'un journal catholique (version polonaise d'avant la chute du Mur, savoir passablement philo-marxiste) auquel j'avais rendu visite, en Varsovie, au cours de ma tournée de deux semaines dans ce pays. Un journal qui -comme je viens de l'apprendre- existe toujours. Ce qui vient s'ajouter à la confusion qui entoure cette nouvelle dans les médias polonais et d'ailleurs -en Espagne surtout- et à accentuer la particularité polonaise. D'un pays que de toute évidence aime renverser ses idoles. Et dans la mesure où ils semblent maintenant renier de leur idole papal (de "leur" pape, disaient-ils invariablement, comme un fétiche), on dirait que je commence me réconcilier avec eux, tant d'années après. Ainsi soit-il

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